Salutations héros du cristal. Aujourd’hui je suis en compagnie d’Etienne, l’arbitre au dessus des arbitres! En effet, à l’époque des tests officiels menés par Abyss et SE, Etienne fut le premier et seul à obtenir son titre d’arbitre de niveau 2. Une référence parmi les références qui a arbitré en haut lieu des événements nationaux!

Etienne, tu ne joues plus depuis plusieurs années mais tu as façonné le jeu en France et c’est un plaisir de te savoir toujours pas trop loin. Peux-tu te presenter ?

Bonjour, Je suis Etienne Mauffret. Après mes études en mathématiques appliquées à l’informatique, j’ai fait une thèse en systèmes de gestion de données pour devenir enseignant chercheur en informatique. J’ai toujours été passionné de jeux de société, plus précisément jeux de cartes. Si mon premier “contact” fut Yu-Gi-Oh et Pokémon en primaire, c’est au collège que j’ai appris les règles de mon premier jeu: Magic the Gathering. Aimant comprendre le fonctionnement des choses, je me suis vite penché sur le fonctionnement des règles et interactions à Magic the Gathering. Je suis ainsi devenu arbitre pour organiser de petits événements (avant-première, tournoi régional, etc).

Lorsque le jeu de carte Final Fantasy est sorti, grand fan de la série, je me suis directement intéressé à ce dernier. Et j’y ai très vite retrouvé mes plaisirs de compréhension et explications de règles. Je me suis donc rapproché de Abyss (qui gérait le jeu organisé à l’époque) pour pouvoir organiser et arbitrer officiellement certains événements. Je me suis aujourd’hui éloigné du rôle d’arbitre, non pas pour des raisons profondes, mais purement par manque de temps. D’abord pendant la préparation de ma thèse puis dans l’exercice de mes fonctions d’enseignants-chercheurs, je ne pouvais simplement plus me permettre de m’investir autant sur l’arbitrage.

Au niveau de mon “éducation” (vidéo) ludique, on peut vraiment dire que j’ai grandi avec Final Fantasy et Magic the Gathering. Étant du genre à vouloir finir les jeux (comprendre finir à 100%), j’ai passé près du millier d’heures sur mon premier jeu vidéo: Final Fantasy VII. J’ai joué beaucoup plus rapidement au VIII, mais je n’avais pas accroché à ce dernier à l’époque (les graphismes et le système de magie ne parlaient pas à l’enfant de 9 ans que j’étais alors). En revanche, je me suis rattrapé sur Final Fantasy 9, 10, 12. Je pense avoir accompli 90% de chacun de ces jeux, abandonnant seulement sur les dernières phases d’entraînement pour battre les boss cachés. J’ai pris énormément de plaisir sur les jeux suivants (13, 13-2, 13-LR, 15) mais en étant beaucoup moins insistant sur les petits secrets. J’ai pu tester les jeux Final Fantasy d’autres consoles (Cristal Chronicle, Tactics) mais je n’avais pas personnellement ces consoles, je les connais donc beaucoup moins. Les Final Fantasy de 7 à 15 m’ont pris une grosse partie de mon temps de joueur de jeu vidéo, le reste de mes expériences est alors beaucoup plus maigre. Et le même constat pourrait être fait des jeux de cartes. M’étant consacré à Magic the Gathering, je n’ai pas vraiment touché aux autres jeux.

On ressent véritablement cette fusion passionnelle entre Magic et FF, et FFTCG avait tout pour te plaire! Est-ce que tu pourrais nous raconter une situation où, en tant qu’arbitre, tu as été obligé d’intervenir ? Quelles décisions tu as dû prendre et est-ce que, avec le recul, tu penses avoir fait les bons choix ?

2 situations me viennent en tête: Un des premiers événements avec decklist (1er ou 2nd tournoi national je crois). Nous décidons de faire un deckcheck (vérifier les correspondances entre listes fournies et deck présentés) des joueurs qualifiés pour le top 16 du deuxième jour. Sur les 16 decks, au moins 10 avaient une irrégularité minime (sleeves abîmées, decklist mal écrite, …) et 1 avait une réelle erreur (différences de cartes entre la liste et le deck). Dans ce genre de cas, on étudie si la situation est benigne (erreur d’inattention n’ayant que peu d’influence) ou une situation plus tendue (une carte clé est présente/absente). Dans ce cas, nous avons estimé que la différence était significative et a donné lieu à des soupçons. Nous avons traité les erreurs de cette façon: tous les joueurs avec une irrégularité ont été appelés un par un pour leur expliquer la situation (un simple warning) puis un rappel global. L’objectif était de donner un effet de groupe, ce qui a fonctionné je crois. Nous voulions faire comprendre aux joueurs l’importance de respecter cet aspect du tournoi. Pour le cas suspicieux, nous avons longuement échangé avec le joueur. Il nous a fourni des éléments de bonne foi (preuve que c’était une erreur de saisie avant le tournoi). Nous lui avons donc donné une “simple” game-loss (il commence son premier match en 0-1) et un global warning : une telle erreur ne doit pas se reproduire sur un autre tournoi).

La seconde situation, le “fameux” tournoi de Dole. La situation globale était tendue ce jour-là et nous avions reçu les consignes d’être plus stricts en vue d’uniformiser le circuit européen et éventuellement d’ajouter des prix en euros pour les joueurs. Nous avons donc appliqué des règles strictes et certaines décisions (game-loss pour des sleeves un peu trop abîmées par exemple). La tension globale de ce jour (inter staff et entre le staff et certains joueurs) a conduit à une mauvaise communication de ma part sur l’objectif de cette approche. En particulier, je me souviens avoir mis une game-loss à un joueur pour l’état de ses sleeves. Après réflexion, recul et discussions, un warning et une discussion avec le joueur auraient été une meilleure décision. Ce tournoi, que j’ai mal vécu, est un de mes gros regrets en tant qu’arbitre et j’en ai beaucoup appris “par l’expérience” comme on dit.

C’est sur qu’il y a eu un avant et un après Dole, pour tout le monde. C’est très enrichissant d’avoir ton retour sur tout ça, des années après. Tout était encore à mettre en place à l’époque et ton travail sert encore aujourd’hui. Un grand merci.

Avec plaisir. Avec le recul, je dirais que le gros de mon travail a été (d’essayer) d’apporter la rigueur et l’expertise de l’arbitrage. J’ai profité de mon expérience d’arbitre de Magic the Gathering (beaucoup plus strict et structuré) pour mettre en place une structure à FFTCG. Beaucoup de joueurs découvrant les jeux de cartes ou venant de jeux moins stricts, il y avait, à mon sens, beaucoup à faire. Et du côté de SquareEnix aussi évidemment. J’ai essayé d’avoir un impact comme je pouvais mais j’étais trop pris par mon travail pour pouvoir me mettre à 100%.

Je peux te laisser le mot de la fin ?

Merci à toi pour l’occasion ! Je suis content de voir que le jeu continue de vivre et d’exister. J’ai pu voir un tournoi se dérouler à Lyon récemment, ça m’a fait chaud au cœur et rappelé que j’aimais vraiment cet environnement. J’espère pouvoir revenir dans la communauté un jour :). C’est une communauté très agréable et de vraies amitiés ont été créées par ce jeu.